Le secteur de l’assurance face à la transformation : signaux faibles et ruptures en vue

  • Alain Nohra, Regional Vice President for Southern Europe
  • Eric Brétéché, Product Marketing Manager

June 05, 2025

L’image des assureurs s’améliore.

C’est ce que révèle le Baromètre Guidewire 2025, une étude menée en mars 2025 par Censuswide auprès de 4 010 consommateurs européens. Cette enquête met en lumière une perception plus positive des assureurs, notamment chez les jeunes générations.

Mais derrière ce tableau en apparence rassurant, des signaux faibles dessinent les contours d’un bouleversement bien plus profond. Comportements, usages, réglementation, technologie : tout indique que le secteur entre dans une phase de transformation structurelle.

Une génération qui bouscule les codes

Si les jeunes générations portent un regard globalement plus positif sur leur assureur que leurs aînés (34 % contre 28 %), sans doute en raison d’une expérience client plus récente, elles se distinguent surtout par leur volatilité. Plus d’un jeune sur deux envisage de changer d’assureur dans les douze mois à venir (53 % contre 27 % chez les plus âgés).

Face à l’inflation et à la hausse du coût de la vie, cette même population se montre aussi beaucoup plus encline à ajuster ses niveaux de couverture pour réduire son budget assurance (72 % contre 34 %).

La concurrence s’intensifie, la fidélité s’effrite

Les assureurs traditionnels ne sont pas menacés de disparition à court terme. Mais leur monopole historique est sérieusement remis en question. Leur position concurrentielle, notamment en termes de parts de marché, est aujourd’hui clairement fragilisée. La bataille est lancée, portée par des clients plus mobiles, plus exigeants et mieux informés.

À cette évolution comportementale s’ajoute une pression réglementaire croissante : loi Hamon (2015), résiliation infra-annuelle (RIA, 2023), directive DDA... Le tout dans un climat de vive tension, comme en témoigne la réaction du secteur face au projet de règlement européen FIDA sur l’Open Insurance, perçu comme une ouverture directe à la concurrence et un risque réel de perte de parts de marché.

Une transformation numérique devenue urgente

Ce contexte agit comme un électrochoc. Il ne suffit plus de défendre des positions établies. Il faut innover, s’adapter, et surtout moderniser en profondeur.

Les assurés attendent désormais des offres sur mesure, une lisibilité accrue des garanties, plus de transparence, et un service irréprochable, notamment en cas de sinistre.

L’ajout d’une simple couche digitale sur un système d’information vieux de quarante ans ne suffira pas pour accompagner la mutation en cours. 

Une modernisation en profondeur des systèmes d'information est indispensable pour gagner en agilité, et la DSI ne disposera pas de quarante années pour tout redévelopper.

En conclusion

Le secteur de l’assurance n’est pas en crise, mais il est clairement à un tournant. Ceux qui sauront lire les signaux faibles, anticiper les ruptures et adapter leur modèle dès aujourd’hui auront un avantage décisif demain.

Il y a quarante ans, il n’existait pas de plateforme IARD clé en main : il fallait tout développer, souvent de zéro. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les solutions technologiques existent, les attentes sont claires, et la pression ne fera que s’accentuer. Il ne reste plus qu’une chose à faire : agir.