9 tendances clés de l'assurance IARD à suivre de près en 2025

  • Eric Brétéché

December 18, 2024

L’année 2025 s’annonce pleine de défis et d’opportunités pour le secteur de l’assurance IARD (Incendie, Accidents et Risques Divers). Dans un contexte marqué par le changement climatique, les avancées technologiques et les attentes croissantes des assurés, les acteurs de l’assurance doivent innover, s'adapter et se réinventer. Qu’il s’agisse de l'ajustement des primes, de l'intégration de l'intelligence artificielle ou de la personnalisation des offres, les transformations à venir seront décisives pour le maintien des performances techniques mises à rude épreuve. Découvrez les 9 tendances clés de l’assurance IARD à suivre de près en 2025, qui vont redéfinir le paysage de l’assurance et renforcer la relation entre assureurs et assurés.

 

1. Inévitable hausse des primes d’assurance

Les catastrophes naturelles récurrentes, telles que les sécheresses, les inondations, la grêle ou les tempêtes, exercent une pression croissante sur les primes d’assurance. En 2022, ces événements ont engendré des coûts de 10,3 milliards d'euros, et 6,5 milliards en 2023, contre une moyenne annuelle de 3,5 milliards entre 2017 et 2021. Au premier semestre 2024, le coût de la sinistralité climatique a augmenté de 20 % par rapport à la même période en 2023. Parallèlement, entre le premier semestre 2023 et le premier semestre 2024, le prix des pièces détachées a augmenté de 9,9 %

À partir du 1er janvier 2025, le taux de la surprime "Cat Nat" (catastrophes naturelles) passera de 12 % à 20 % pour les contrats d’assurance des biens d’habitation et professionnels, et de 6 % à 9 % sur les garanties vol et incendie des contrats automobiles. Cette hausse, imposée par les pouvoirs publics, est justifiée par la multiplication des catastrophes naturelles et s’appliquera obligatoirement aux assureurs et à leurs assurés.

La fraude dans la réparation automobile contribue également à la hausse des primes d'assurance auto. Elle se manifeste par la surfacturation des réparations, l'utilisation de pièces neuves à la place de pièces d'occasion, et les fausses déclarations de sinistres. Ces pratiques, qui engendrent des pertes annuelles estimées à plusieurs centaines de millions d'euros, poussent les assureurs à répercuter ces coûts sur les primes des assurés. Cependant, la concurrence tarifaire ainsi que les dispositifs de prévention et de détection des fraudes devraient contribuer à atténuer quelque peu ces augmentations de tarifs.

 

2. Adaptation au changement climatique et enjeux d’assurabilité

Le dérèglement climatique remet en question l'assurabilité de certains biens. Face à l'intensification des événements climatiques, il devient essentiel d’individualiser l’évaluation des risques, non plus à l'échelle d'une zone géographique, mais à celle de chaque bien. Cette approche nécessite une connaissance fine des risques, des actions de prévention ciblées et une collaboration renforcée entre pouvoirs publics, assureurs et assurés.

La prévention ne doit plus se limiter au niveau communal — mission des collectivités — mais s’étendre à chaque bien, ce qui devient la mission des assureurs. Cette démarche permet de réduire la sinistralité et les coûts d’indemnisation.

L'assurance paramétrique se distingue par des tarifs flexibles et adaptés au budget des assurés, ce qui en fait un levier efficace. Elle contribue à préserver l’assurabilité tout en accélérant le versement des indemnisations. Ce type d'assurance repose sur des paramètres climatiques mesurables, comme la pluie ou le vent, permettant une indemnisation automatique sans nécessiter d'expertise des pertes. Grâce à cette approche, les paiements sont rapides, les coûts sont réduits et les risques extrêmes — tels que la grêle, les tempêtes ou les inondations —, souvent difficiles à assurer, peuvent être couverts. Cette solution offre ainsi une protection précieuse pour le secteur agricole et les collectivités locales.

Le marché européen de l'assurance paramétrique devrait enregistrer une croissance annuelle de 8,9 % d'ici 2028. La France affiche la plus forte progression avec un taux de 9,7 %, suivie du Royaume-Uni à 8 %, tandis que l'Allemagne conserve sa position de leader avec un marché valorisé à 1 341,9 millions d'euros.

 

3. Contrôle objectif de l’assurabilité des zones à risque

Pour mieux maîtriser l’assurabilité des zones à risque, le gouvernement a mandaté la CCR (Caisse Centrale de Réassurance) pour suivre l'évolution du retrait des assureurs de ces zones. Ce suivi s'appuie sur un observatoire de la concurrence et deux cartographies climatiques. L'objectif est d'identifier les zones concernées, d'observer la présence des assureurs et de combler les lacunes en matière de données.

Un premier rapport est attendu d'ici la fin de l'année 2024. Certains assureurs redoutent les effets du "name and shame" associés à cette transparence accrue. Néanmoins, l'objectif est d'offrir une vision objective de la situation grâce à des données chiffrées, afin d’imaginer des solutions conjointes avec l'ensemble des acteurs.

 

4. Stratégies de différenciation des assureurs

Pour se démarquer dans un marché concurrentiel, les assureurs innovent en proposant des services à forte valeur ajoutée. Parmi ces services figurent les diagnostics de vulnérabilité, les systèmes d'alerte rapide en cas d'événements climatiques, et les outils d'aide à la gestion de crise, à l'image de la startup finlandaise ICEYE.

Dans le secteur de l'assurance des entreprises, les assureurs déploient également des équipes de prévention des risques, composées d'experts en évaluation des risques naturels. L'objectif est de généraliser cette offre à l’ensemble de leurs assurés.

Les assureurs ne se limitent plus à l'indemnisation des sinistres. Ils participent à la reconstruction des bâtiments et infrastructures, avec pour ambition de les rendre plus résilients face aux risques futurs. Aux États-Unis, le modèle de "resilient credit" de FM Global vise à récompenser les assurés qui investissent dans la prévention en leur offrant des réductions de primes. Ce modèle pourrait inspirer les assureurs français.

Dans l'assurance habitation (MRH), des startups américaines, comme Faura, adoptent une approche proactive. Faura affirme qu'”un dollar investi dans la prévention des incendies permet d’économiser jusqu'à 7 dollars en coûts de sinistres”. Cette stratégie souligne l'intérêt économique des mesures de prévention, tant pour les assureurs que pour les assurés.

 

5. Innovation produit et réponse aux nouveaux usages

Les assureurs adaptent leurs offres aux nouveaux usages et aux attentes évolutives des assurés. Cette stratégie d'innovation se traduit par des solutions plus personnalisées et accessibles. Parmi les avancées majeures, le "pay as you drive" permet une tarification basée sur l'usage réel du véhicule, répondant aux nouvelles habitudes de mobilité.

De plus, l'assurance embarquée, ou "embedded insurance", s'impose progressivement. Intégrée directement à l'achat de certains produits ou services (objets connectés, voyages, etc.), elle simplifie le parcours client et garantit une couverture immédiate.

D'après Forrester, ce modèle devrait enregistrer une croissance mondiale d'au moins 30 % en 2025, notamment dans le secteur des assurances personnelles. Cette progression reflète la stratégie des assureurs visant à offrir des solutions plus flexibles et personnalisées, en renforçant la digitalisation et l'adaptation des services aux attentes des consommateurs. En Europe, le marché de l'assurance intégrée devrait passer de 7,4 milliards d'euros en 2024 à 33,9 milliards d'euros en 2029, affichant un taux de croissance annuel de 35,24 %.

 

6. Multiplication des partenariats et impact sur les systèmes d’information

Le développement de partenariats stratégiques, notamment via des marques blanches, constitue une priorité pour les assureurs. Cette stratégie permet d'élargir l'offre et de diversifier les canaux de distribution.

Pour soutenir cette évolution, les systèmes d'information doivent devenir plus ouverts, agiles et capables de déployer des API et des interfaces utilisateurs (UX) optimisées. La modernisation des systèmes legacy des assureurs IARD se traduit par une migration progressive vers le cloud et des modèles d'utilisation sous forme de service.

Selon Gartner, en 2025, les assureurs mettront l'accent sur la modernisation des applications, la cybersécurité, la data science et le cloud. En France, le retard d'adoption du cloud est notable, mais la mise en œuvre du Digital Operational Resilience Act (DORA) devrait accélérer ce mouvement. DORA, dont la mise en œuvre est prévue à partir du 17 janvier 2025, imposera en effet un référentiel commun de sécurité et de résilience qui crée les conditions de la confiance pour un recours accru à cette technologie. Ce cadre constitue un chantier stratégique majeur pour les assureurs français, qui ne seront pas tous pleinement conformes à cette date. La mise en conformité s'inscrit dans un processus progressif s'étalant sur plusieurs mois, voire plusieurs années, en fonction de la complexité des adaptations à réaliser.

 

7. Exploitation des données et opérationnalisation rapide des modèles d’IA prédictifs

Dans un contexte de transformation numérique, les assureurs doivent renforcer l'exploitation de leurs données internes et externes. Cette démarche a pour objectif de centraliser et d'analyser ces informations de manière structurée, afin d'anticiper plus efficacement les évolutions du marché et les comportements des assurés.

L'ajustement des modèles prédictifs d'intelligence artificielle (IA) doit pouvoir s'effectuer très rapidement, en quelques jours seulement, et non plus en plusieurs mois, comme c'est souvent le cas actuellement. Cette capacité d'adaptation rapide est essentielle pour réagir efficacement aux fluctuations des risques et aux nouvelles attentes des clients.

L'intégration rapide de ces modèles prédictifs au cœur des processus métiers, avec une accessibilité directe pour les souscripteurs et les gestionnaires de sinistres, permet d'affiner l'évaluation des risques, de personnaliser les offres et d'adapter les tarifs en temps réel. Elle contribue également à optimiser la gestion des sinistres, notamment par l'automatisation des tâches répétitives et l'accélération du traitement des dossiers.

En définitive, la maîtrise de l'exploitation des données et l'opérationnalisation rapide des modèles prédictifs permettent aux assureurs de gagner en agilité, d'améliorer l'expérience client et de renforcer leur compétitivité sur un marché en constante évolution.

 

8. Polémique autour du futur règlement FIDA

Le futur règlement FIDA (Financial Data Access) (open insurance), actuellement en discussion au sein de l'Union européenne, suscite de vifs débats au sein du secteur de l'assurance. Ce cadre vise à faciliter l'accès des assurtechs et des nouveaux entrants aux données des assureurs, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles opportunités d'innovation, de services personnalisés et de concurrence accrue. En permettant à de nouveaux acteurs d'accéder aux informations des assureurs, FIDA pourrait favoriser l'émergence de services plus adaptés aux besoins des consommateurs. Cependant, les acteurs traditionnels expriment des inquiétudes face au risque de démutualisation des risques et à la remise en cause de leur modèle économique basé sur la mutualisation. Ce débat met en lumière la nécessité de trouver un équilibre entre l'ouverture des données, l'innovation concurrentielle et la préservation de la solidarité du système assurantiel, qui reste au cœur du modèle mutualiste et garantit la protection des assurés les plus vulnérables.

 

9. Maturité des cas d’usage de l’IA générative (GenAI) dans le cycle de vie de l’assurance

L'intelligence artificielle générative (GenAI) suscite un fort intérêt dans le secteur de l'assurance et mobilise une large part des investissements du secteur. Elle permet de structurer des données non organisées et de les transformer en informations exploitables. GenAI agit comme un copilote pour les souscripteurs et gestionnaires de sinistres, facilitant la gestion des dossiers.

Après une phase de forte médiatisation, la technologie trouve sa place dans des cas d’usage concrets au sein du cycle de vie de l’assurance. Elle améliore la précision des analyses, permet des gains de temps très significatifs, automatise certaines tâches administratives et optimise la gestion des sinistres. Cette technologie devient un atout majeur pour renforcer l'efficacité opérationnelle des assureurs.

 

Conclusion

Les assureurs n’ont plus le choix : 2025 sera une année de transformation, d'innovation et de nouvelles opportunités pour le secteur de l’assurance IARD, qu’elles soient subies ou choisies. Face à ces grands changements, il s'agira de relever les défis avec agilité et ambition.

 

Nous vous souhaitons une excellente année 2025, riche en succès, en partenariats fructueux et en belles réussites ! Que cette année soit synonyme de croissance et de renouveau pour tous les acteurs de l'assurance.