Alimenter la circularité - réduire les émissions et les coûts
La circularité dans la gestion des sinistres offre aux assureurs un levier puissant et multiforme pour la durabilité et la croissance de l’entreprise. Il s’agit d’une voie essentielle pour réduire considérablement les émissions de carbone, d’autant plus que la fonction de gestion des sinistres représente 85 % des émissions d’assurance opérationnelle, selon McKinsey1. Ce changement soutient directement la transition vers une économie à faible émission de carbone et garantit le respect des exigences de reporting de plus en plus strictes pour les émissions de la chaîne d’approvisionnement (Scope 3).
Au-delà des avantages environnementaux, l’adoption de la circularité est une décision commerciale judicieuse, qui permet de réduire considérablement les coûts et d’améliorer l’efficacité opérationnelle. De plus, il s’agit d’un outil puissant pour l’engagement des clients : les sinistres deviennent une occasion réelle d’établir et de conserver des relations solides avec les clients en soutenant leurs propres ambitions en matière de développement durable.
Enfin, l’adoption de ces pratiques renforce la réputation d’un assureur, démontre de véritables « références vertes » et, en fin de compte, aide à « reconstruire en mieux » en soutenant les efforts de reconstruction résiliente et l’assurabilité à long terme.2
Réparer plutôt que remplacer
Diverses études montrent que la réparation d’une pièce détachée de véhicule plutôt que de la remplacer entraîne une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre (GES). AZT Automotive (qui fait partie d’Allianz), par exemple, a comparé les processus de réparation et de remplacement de neuf pièces détachées différentes dans quatre pays européens différents. Les résultats sont clairs et similaires dans toutes les régions - les émissions de carbone des options de réparation sont nettement inférieures à celles du remplacement par des pièces neuves et même par des pièces usagées.3
Principaux moteurs d’un règlement durable des sinistres
Règlement de l’UE
Étant donné que 50 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre et plus de 90 % de la perte de biodiversité et du stress hydrique résultent de l’extraction et de la transformation des ressources, l’Union européenne a introduit un nouveau plan d’action pour l’économie circulaire en 2024. Ce plan est une initiative coordonnée dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe, visant à une économie climatiquement neutre, économe en ressources et compétitive. Le développement de l’économie circulaire devrait être crucial pour atteindre la neutralité climatique d’ici 2050 et séparer la croissance économique de la consommation de ressources, tout en garantissant l’avantage concurrentiel durable de l’UE.
En outre, pour soutenir la liberté de choix en matière de réparation, l’UE a également publié la clause de réparation en 2024. Cette clause accorde aux constructeurs automobiles une protection complète pour la conception de leurs voitures neuves, mais garantit que cette protection ne couvre pas les pièces de rechange visibles (comme les panneaux de carrosserie, les phares et les pare-brise des voitures). Par conséquent, ces pièces peuvent être fabriquées, distribuées et utilisées librement pour des travaux de réparation sur le marché des pièces de rechange.
Pression croissante pour la gestion des coûts des sinistres
Une étude récente de l'association des assureurs allemands (GDV) a révélé que les coûts des sinistres augmentent plus vite que l’inflation - par exemple, les portes de coffre de voiture sont maintenant deux fois plus chères qu’il y a dix ans.4 La gestion des coûts est l’une des principales motivations de la mise en œuvre de procédures de gestion de sinistres durables. Lorsque les assureurs se concentrent sur les réparations plutôt que sur les remplacements, utilisent des matériaux résilients et économes en énergie et minimisent le gaspillage, ils peuvent réduire le montant des paiements tout en offrant des avantages durables à leurs clients.
De plus, ces méthodes respectueuses de l’environnement contribuent à réduire à la fois la fréquence et la gravité des sinistres futurs, car les réparations à l’épreuve du climat, par exemple, entraînent une réduction des dépenses globales. L’utilisation de solutions numériques et de workflows respectueux de l’environnement renforce également l’efficacité opérationnelle, réduisant ainsi les frais généraux.
Les partenaires sont essentiels
Le règlement des sinistres repose en général sur des partenaires éprouvés - et cela est encore plus vrai pour les sinistres durables. Les assureurs ont besoin de partenaires de réparation, mais aussi de partenaires qui fournissent des données et des analyses liées à la durabilité. Le développement des marchés des pièces d’occasion prend du temps, mais les premiers acteurs, comme ClaimParts en Allemagne par exemple, jouent un rôle important dans la construction du marché.
Pour les données et les analyses relatives aux sinistres automobiles, Eco Repair Score®, une solution SaaS (Software as a Service) fondée en Belgique à l’échelle européenne, aide les assureurs, les flottes et les réseaux de réparation à améliorer la durabilité de la gestion des sinistres. La plateforme utilise une intégration transparente par APIs pour effectuer des analyses de cycle de vie (ACV) automatisées, qui quantifient avec précision les émissions de CO2 et autres impacts environnementaux. Un résultat significatif montre une corrélation positive entre la durabilité et la réduction des coûts : une amélioration de 1 % du score relatif Eco Repair correspond à une baisse de 17,99 € du coût par réparation.
Les activités de construction et de démolition, qui sont fortement impliquées dans les sinistres habitation, sont une source majeure de déchets mondiaux (environ un tiers) et d’émissions de CO2 (au moins 40 %), contribuant à environ 45 % des émissions totales d’assurance. Pour y parvenir, EcoClaim, une entreprise canadienne, a mis au point EcoClaim TRAXTM. Ce logiciel d’intelligence carbone pionnier suit les émissions de scope 3 et de scope 4 avec des données de terrain précises, permettant aux assureurs d’aller au-delà des estimations de référence et de mettre en œuvre des actions tangibles pour réduire les émissions tout au long de la chaîne d’approvisionnement des sinistres.
La France à l’avant-garde en matière de sinistres automobiles durables
La France est leader en Europe dans la gestion durable de la fin de vie des véhicules (VHU), en utilisant des infrastructures structurées et des processus de démantèlement avancés. Le pays a dépassé les objectifs de l’UE avec des taux impressionnants : un taux de réutilisation et de recyclage de 86,9 % et un taux de réutilisation et de récupération de 94,2 %. Ce succès est fortement soutenu par l’organisme Recycler Mon Véhicule (RMV), qui favorise la collaboration entre les constructeurs automobiles, les recycleurs et les démanteleurs. Des constructeurs automobiles comme Renault et Stellantis soutiennent activement les efforts de RMV en matière d’économie circulaire.5,6
AXA a lancé Alpha Scale, un programme conçu pour mettre en œuvre des méthodes de réparation circulaires dans toute l’Europe. Cette initiative a déjà porté ses fruits : 21 % des sinistres de réparation intègrent désormais au moins un composant récupéré, ce qui représente une économie moyenne de 256 € par sinistre. Le plan immédiat d’Alpha Scale est d’améliorer ses offres en élargissant l’inventaire de pièces réutilisées et en s’efforçant d’augmenter de 10 points de pourcentage leur taux d’adoption. À l’avenir, l’objectif à moyen terme est de doubler l’utilisation de pièces alternatives, en capitalisant sur le nouveau cadre de distribution de l’échelle Alpha et les changements réglementaires favorables.7
Covéa, l’un des principaux assureurs automobiles, met l’accent sur la promotion des réparations durables, car les données de 2023 ont montré que seulement 29 % des pièces endommagées ont été réparées et que seulement 4,9 % des pièces de rechange ont été récupérées. La stratégie de l’assureur passe par l’implication de toutes les parties prenantes, y compris les réparateurs, les recycleurs, les assurés et les constructeurs, qui sont informés par les données de réparabilité des véhicules du centre technologique de Covéa, CESVI France. Stéphane Duroule, Directeur Général des Assurances France, a déclaré : « Les compagnies d’assurance travaillent d’arrache-pied jour après jour avec leurs partenaires pour améliorer leurs performances et s’attaquer à l’impact carbone des réparations qu’elles prennent en charge pour leurs clients. Cela signifie qu’ils jouent un rôle clé dans la promotion des réparations durables. 8,9
Les défis d’une gestion durable des sinistres
La trajectoire vers une gestion durable des sinistres s’accompagne souvent de défis. Les assureurs doivent d’abord faire face à des coûts initiaux plus élevés, ce qui nécessite un investissement initial dans la technologie, les matériaux écologiques et la formation du personnel, ce qui peut être prohibitif pour les petites entreprises.
De plus, une disponibilité limitée de fournisseurs qualifiés peut ralentir la transformation, en particulier dans les régions rurales. En outre, la résistance des clients reste un obstacle, car certains assurés peuvent être réticents à adopter des options durables s’ils craignent qu’elles ne soient plus chères ou moins fiables. Enfin, l’intégration complexe de nouveaux workflows durables avec des processus existants, souvent hérités, exige une refonte et une formation approfondies, ce qui entraîne inévitablement des perturbations opérationnelles temporaires.13
La technologie comme fondement
Les données et analyses liées au développement durable, telles que les émissions de carbone, augmentent la complexité des sinistres, car des mesures supplémentaires doivent être calculées et surveillées. Dans le même temps, ces nouveaux indicateurs permettent d’obtenir des informations et des paramètres innovants pour le pilotage et la gestion des sinistres.
Les plateformes centrales basées sur le cloud, telles que Guidewire, offrent l’agilité et la flexibilité nécessaires pour intégrer les émissions de carbone et les points de données liés à la nature, ainsi que diverses solutions insurtech en matière de développement durable, directement dans les processus d’assurance de base. Les applications et le contenu traités via Marketplace permettent aux assureurs d’innover plus rapidement et d’exploiter les données et les analyses via leurs plates-formes de base, afin que les équipes chargées des sinistres aient accès au bout des doigts lorsqu’elles en ont besoin.
Pour en savoir plus, rejoignez-nous à partir de janvier pour deux wébinaires sur la gestion durable des sinistres - les inscrits recevront le lien vers la présentation et le replay:
- Le 20 janvier à 15h, Kévin Le Blévennec, expert en économie circulaire et en Analyse du Cycle de Vie (ACV) au sein d’Eco Repair Score, présentera comment une approche d’ACV automatisée fournit aujourd’hui aux assureurs, gestionnaires de flotte, experts et réparateurs des données précises et immédiatement exploitables pour mesurer, comparer et réduire de manière fiable l’impact environnemental des réparations auto - Inscrivez-vous vite ici pour le wébinaire “Réduire l’empreinte carbone des sinistres auto : de la mesure à l’action”
- Le 3 février à 15h, EcoClaim présentera TRAXTM, le premier logiciel permettant de tracer les émissions Scope 3 et 4 d’un sinistre habitation avec précision, à partir de données de terrain. Ne manquez pas cette session pour découvrir comment comparer de manière objective la réparation et le remplacement, réduire les émissions générées par les sinistres habitation, répondre aux exigences européennes en matière d’impact environnemental et optimiser les coûts tout en améliorant l’expérience client. Rejoignez-nous en vous inscrivant ici pour le wébinaire “Décarboner les sinistres habitation grâce à la traçabilité des émissions (Scope 3 & 4)”
1 Source : https://www.mckinsey.com/industries/financial-services/our-insights/decarbonizing-p-and-c-claims
2 Source photo : https://www.azt-automotive.com/_Resources/Persistent/2f45e03259a22b3a5390863e1ed956fd3f1b9732/AZT-Report_Repair%20or%20Replace_Final%20Version.pdf
3 Source : https://www.azt-automotive.com/_Resources/Persistent/2f45e03259a22b3a5390863e1ed956fd3f1b9732/AZT-Report_Repair%20or%20Replace_Final%20Version.pdf
4 Source : https://www.gdv.de/gdv/medien/medieninformationen/ersatzteilpreise-steigen-um-sechs-prozent-reparaturkosten-belasten-kfz-versicherer-193328
5 Source : https://autorecyclingworld.com/transformation-of-auto-recycling-in-france-europes-first-auto-eco-organization-leads-the-way/
6 Source photo : https://www.covea.com/sites/default/files/2024-05/Livre_blanc_Covea_la_reparation_durable_en_automobile.pdf
7 Source : https://www-axa-com.cdn.axa-contento-118412.eu/www-axa-com/43c9962e-0132-4d99-b72e-23a798e7a494_AXA_Unlock_Sustainable_Insurance.pdf
8 Source : https://www.covea.com/en/analysis/sustainable-vehicle-repairs-environmental-social-and-societal-issue
9 Source : image traduite du livre blanc de Covéa « Réparation automobile durable » p 52
10 Source : https://www.allianz.com/de/mediencenter/news/artikel/250721-reparaturen-neu-denken-gut-fuers-geschaeft-die-kunden-und-den-planeten.html
11 Source : https://www.azt-automotive.com/en/topics/RepairOrReplaceEn
12 Source : https://www.allianz.com/de/mediencenter/news/artikel/250721-reparaturen-neu-denken-gut-fuers-geschaeft-die-kunden-und-den-planeten.html
13 Source : https://www.aranca.com/knowledge-library/articles/business-research/sustainability-in-action-transforming-p-c-claims-management