Le digital frontend, nouveau visage du legacy ?

  • Eric Brétéché, Product Marketing Manager

October 01, 2025

hands at keyboard with code on a monitor screen

Dans l’assurance comme dans beaucoup d’autres secteurs, moderniser les systèmes d’information n’est plus un choix stratégique mais une condition de survie. Pourtant, un dilemme persiste pour les DSI et CTO du secteur IARD : Faut-il prolonger artificiellement la vie d’un système vieillissant en l’habillant d’une couche digitale sur un legacy obsolète, ou franchir le pas vers un système cœur moderne, pensé dès l’origine pour
le numérique ?

L’illusion d’une modernisation rapide

À première vue, la surcouche numérique séduit. Elle parait plus rapide, moins coûteuse et surtout moins risquée. Une application mobile, un portail client ou une API (Application Programming Interface) plaqués sur un mainframe suffisent à donner l’illusion de la modernité. À moyen terme, ce choix génère une dette technique et fonctionnelle qui ralentit l’innovation et dégrade l’expérience client. Il y a une expression américaine qui décrit bien cette approche : lipstick on a pig, autrement dit « du rouge à lèvres sur un cochon ». On maquille la mécanique sans la transformer.

Un front digital moderne branché sur un moteur obsolète n’est qu’une modernisation de façade. Derrière l’écran, tout reste figé : traitements batch, logique monolithique, code propriétaire. Les parcours digitaux héritent directement des contraintes du back-office, parfois jusqu’au “screen wrapping”, produisant des expériences médiocres, loin des standards imposés par les géants du numérique. Chaque évolution déclenche alors un effet domino. Il faut modifier les flux ETL (Extract, Transform, Load), réadapter les orchestrations dans l’ESB (Enterprise Service Bus), revoir les connecteurs existants.Ce mécanisme d’ajustements successifs finit par engendrer un empilement complexe, coûteux et fragile. Au fil du temps, le système devient de plus en plus difficile à maintenir et perd en cohérence. Une telle accumulation finit tôt ou tard par devenir une véritable bombe à retardement technologique : comme pour un immeuble ancien où l’on empile des étages fragiles, chaque ajout accroît l’instabilité et rend toute modernisation encore plus difficile.

La vraie transformation se joue au cœur du système 

Prenons un exemple. Un assureur souhaite ajouter une option de Téléassistance à son contrat habitation.Avec une surcouche digitale sur le système legacy, cela implique un développement spécifique en Cobol ou RPG, une encapsulation des transactions, des écrans bricolés, des API modifiées, des documents contractuels ajustés, des flux ETL retouchés, des orchestrations ESB adaptées… Chaque évolution devient un mini-projet lourd, étalé sur des mois, mobilisant d’innombrables tests et aggravant  la dette technique. Séduisant à court terme, le digital frontend finit inévitablement par se transformer en nouveau legacy, complexe et coûteux à maintenir.

A l’inverse, un système cœur moderne intégrant API-first, microservices, data model unifié, et surtout une “Product Factory” paramétrable ; change radicalement la donne. Dans ce modèle, l’ajout de l’option se fait par simple paramétrage du Catalogue Produit. Les tarifs et les règles d’éligibilité sont configurés sans recoder, les applications digitales consomment directement ces définitions en temps réel et adaptent instantanément formulaires, parcours et documents. Résultat : quelques jours suffisent à adapter le système aux évolutions des besoins métier. Simplicité. Agilité. Rapidité.
Le Product Factory devient la source de vérité unique, tandis que les applications digitales synchronisent automatiquement les évolutions produits et les reflètent dans l’expérience client. Fini les couches artificielles : chaque mise à jour, qu’il s’agisse d’un nouveau service ou d’une exigence réglementaire, se propage dans tous les canaux numériques sans recodage.

Passer d’une modernisation de façade à un système cœur moderne change radicalement la donne. Les lancements produits s’accélèrent. Les parcours deviennent homogènes et instantanés. L’intégration avec les InsurTech, l’IoT et les partenaires s’en trouve facilitée. La traçabilité et la conformité RGPD sont intégrées nativement. Et les coûts de maintenance diminuent durablement.
En clair : rhabiller un système obsolète d’une surcouche numérique, c’est une réponse de court terme qui masque le problème sans le résoudre. La véritable transformation exige un système cœur moderne, synonyme d’agilité, de rapidité et de pérennité.

Pour aller plus loin : découvrez dans notre ebook comment les assureurs IARD peuvent relever le défi de la modernisation de leurs systèmes d’information, avec un focus sur le dilemme build vs buy et ses impacts stratégiques.